La prisonnière de Zanzibar by Christel Mouchard

La prisonnière de Zanzibar by Christel Mouchard

Auteur:Christel Mouchard [Mouchard, Christel]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782081251922
Éditeur: Flammarion
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


À ce moment, une fillette surgit de nulle part et se planta devant Tchinza. Ses yeux lourdement maquillés brillaient comme des soleils noirs. Sur ses tresses était posé un drôle de turban noué de façon à former de grandes oreilles où s’agitaient des clochettes d’argent. L’enfant lui fit un grand sourire. Tchinza allait lui répondre, quand le sourire se mua soudain en une horrible grimace. L’eunuque tendit la main pour attraper l’insolente, mais elle avait déjà filé, vive comme une souris.

– Tu ne t’en tireras pas comme ça, princesse Touéni ! lui cria l’eunuque. J’en parlerai à ta mère ! Tu sais qu’on ne doit pas manquer de respect aux plus âgés, même quand ce sont des esclaves !

Un rire malicieux leur répondit, mais la petite fille avait disparu dans la foule des fantômes.

– C’est une princesse ? s’étonna Tchinza.

– Oui, la trente et unième fille du sultan.

– Trente et unième ! Mais il en a combien, comme ça ?

– Trente-six.

– Il y a ici trente-six princes et princesses ? Comment le sultan va-t-il pouvoir léguer son royaume ?

– Le sultan est très riche, je te l’ai dit. Chacun de ses enfants reçoit quatre esclaves arrivés à l’âge de douze ans et héritera d’une plantation de girofliers.

– Mais le royaume ? Qui va hériter du trône ?

– Son fils aîné, bien sûr. Le prince Madjid.

– Il ne va pas avoir la vie facile, avec tous ces enfants prêts à se disputer avec lui !

L’eunuque se tourna vers elle, les sourcils froncés :

– En voilà une drôle de question pour une petite esclave de rien du tout, qu’est-ce que tu en sais, toi ?

Tchinza se retint de répondre. « Ne pas se faire remarquer », avait dit David. Elle pinça les lèvres et ravala son orgueil tandis que l’eunuque reprenait son chemin le long des galeries. Il n’y avait rien d’autre à faire que de le suivre.

Dans les étages, le tourbillon des étoffes était encore plus troublant. Il était même difficile d’avancer. Tous les dix pas ou presque, il fallait se plaquer contre le mur pour laisser passer une princesse masquée entourée de ses esclaves. D’elle on ne voyait que les yeux cernés de cuir, bleus, bruns ou noirs. Des regards qui avaient tous un point commun : ils étaient magnifiques. Sombres, profonds, rendus plus mystérieux par le masque, qui en soulignait la lumière.

« Toutes ces femmes sont belles, se dit Tchinza, même les esclaves sont jolies. On dirait que le sultan a réuni ici les plus belles femmes de la Terre. »

Elle pensa à sa mère, qui était si belle, elle aussi. Était-elle là ? Elle parcourut les galeries d’un long regard circulaire à la recherche du visage familier. Mais les masques et les voiles empêchaient de distinguer les traits de ces femmes qui formaient une masse indistincte où les couleurs et les lignes se brouillaient. Comment Tchinza ferait-elle pour retrouver sa mère ?

Elle buta contre l’eunuque, qui s’était arrêté sans prévenir.

– Là !

Il montra une porte, sur la gauche, et fit signe à la nouvelle esclave de ne pas bouger tandis qu’il entrait dans la pièce.



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